開いてく
虹色未来
届くのか
虹色未来
届くのか
Le weekend, césure dans les partiels. On boit une bière au soir, entre amis. Ca fait du bien de souffler. On va au cinéma ? Non, je crois que je vais aller me coucher. 23h30-13h30. Avec le temps, notre corps supporte de moins en moins les courtes nuits de révision. Ca nous rappelle à quel point nous vieillissons vite.
De la douche, on entend les cloches sonner, appel à la messe. Qui ira ? Qui n'ira pas ? J'aimerais parfois les joindre, dans cette foule de croyances qui tanguent. J'aimerais joindre mes mains devant mes yeux, à genoux, et demander à aller au paradis. J'aimerais qu'on m'ouvre les portes d'une vie éternelle, d'une mort temporaire, d'un espoir d'après. Mais les premiers chrétiens l'avaient bien compris : on ne peut pas forcer à croire. Et on ne peut pas non plus se forcer. Alors j'écoute quelques chants religieux russes, en laissant brûler un peu d'encens. C'est un peu comme être dans un temple bouddhiste, mais avec un fond sonore plus que suspect.
J'aimerais y retourner, dans ce temple où repose nos ancêtres. Où repose désormais mon grand-père. Où reposera bientôt ma grand-mère, même si elle n'appartenait pas à la même branche shinto. On franchira les portes rouge-feu et on allumera un bâton d'encens. Ma mère pleurera silencieusement, je pense. Peut-être même sans verser une larme, en femme forte. Pourtant, on ne lui en voudrait pas de pleurer un peu. Je me demande comment elle a vécu l'enterrement de son père. A-t-elle demandé son pardon ? A-t-elle regretté la vie qu'elle a mené, quittant ses parents pour s'installer à 10 000km de là, avec un homme qui l'a finalement quittée avec une autre ? Sait-on jamais ce que les gens pensent, tout au fond... J'aurais aimé qu'elle soit allée à cet enterrement avec dignité, en lui disant "Tu vois, je vais bien", mais a-t-elle eu cette force ? Les morts ne parlent pas. Les morts sont morts, c'est tout. Mais j'aimerais tout de même aller allumer ce bâton d'encens, taper deux fois dans mes mains et lui parler de toutes ces choses que je ne lui ai jamais dites, simplement parce qu'on ne se voyait jamais. Et parce que j'étais trop jeune. Pleurer enfin sa mort, même si nous n'étions pas si proches. Faire mon deuil, comme il se doit, entre les piliers écarlates d'une religion aux mille visages.
C'est drôle de ne pas croire mais de sentir le sacré. Avez-vous déjà posé un pied à Notre-Dame de Paris ? Bien sûr, c'est un lieu hautement touristique, dérangé par les flash, les cris et les bruits de pas. Et malgré tout, à l'instant où vous y entrez, vous sentez tomber sur vous la lourdeur de la sainteté, comme une chape de silence que d'autres ignorent avec mépris, ou simplement par insensibilité. Il y a cette force dégagée par la pierre froide et le tremblement des cierges. Personne ne peut le décrire, simplement quelque chose qui vous happe et vous rappelle qu'ici existe un autre monde. Comme à l'Abbaye de la Pierre-qui-Vire. On discute quelques minutes avec des prêtres souriant, un peu philosophes, on assiste à la prière au soir, en silence, ému de ce que les gens y confient. C'est incroyable les sentiments échangés dans ces instants, alors qu'on pensait être étranger à tout cela.
Croire doit donner de la force. J'aimerais croire. Pas en un dieu quelconque, simplement en moi. Peut-être que ça changerait la face de mon existence. Trouver une ligne directrice, un rêve et faire de ma vie un accomplissement, non pas quelque chose que l'on subit. En demanderais-je trop ? J'espère que non.
A peine philosophe, un peu fatiguée.
Ai Otsuka ~ Planetarium
Ai Otsuka ~ Planetarium