maboroshi

"M., cette année, tu n'auras qu'à te concentrer sur tes histoires d'amour pendant que nous travaillons nos langues étrangères." 

M, ta romance à deux balles, tu l'auras peut-être. Quand t'auras mis de côté les complexes et que tu auras décidé de vivre. Mais apparemment, la motivation n'est pas si évidente à trouver. Alors on se tait. J'pleurerai pas ce soir. Pas le temps. 



 

Parce qu'il y a des instants de nostalgie.
MC Solaar ~ La vie est belle 

Parfois, on se surprend à adresser une prière silencieuse à un Dieu auquel on ne croit qu'à moitié. Un soir de perdition ; on lui demande conseil. Une mauvaise nouvelle ; on lui demande ce qu'il faut qu'on fasse pour que ça aille mieux. Un pas de travers ; on lui demande de nous pardonner. Ca n'a pas de sens. Aucun. Il peut très bien s'en faire. Il me parait tout de même peu probable qu'il soit assez idiot pour nous écouter. Ou même assez miséricordieux pour nous répondre.

Blasphème. 

 

Très certainement. Mais les allés et retours de foi au milieu de la Bible, new version or not, ça a le don de m'agacer. Et puis notre hypocrisie aussi. Comme ces Japonais, toujours, à prier un Dieu pendant leur vie, un autre à leur mort, sans se poser la moindre question. Et puis encore ceux qui se disent croyants par héritage. Et puis. Non. Sa toute-puissance, nous la lui offrons. La Boétie avait certainement raison, finalement. 

Deux ans et demi, et je n'ai presque plus de souvenirs spontanés. J'ai clamé haut et fort aimer ce quelqu'un et quelques mois après notre séparation, je n'y pense presque plus. Je ne vois que des visages floutés et n'entends plus l'éclat de son rire. Est-ce que finalement tout peut se résumer à ça ? Un mot sur un mur qu'on n'a pas encore eu le courage de décoller, une photo retrouvée par hasard. 
Il y a des gens qui se marient après un an. Je ne peux le concevoir. Vivre ensemble, partager joie et peines ; mes fesses. On s'en va l'angoisse du temps revenue. Rares sont ceux qui ont le courage/la foi/l'amour pour rester ensemble toute une vie sans éprouver de remords. Voilà pourquoi ces foutus mariages existent. Pour nous retenir les uns aux autres par des contrats idiots dont on n'aurait pas besoin si, comme les aras, on s'aimait jusqu'à notre dernier souffle, tous autant que nous sommes. Mais non, l'herbe est certainement plus verte ailleurs. Et même si elle ne l'est pas, par rapport à notre petit carré combien de fois piétiné, le semble. Alors oui, signons quelques papiers, avec une belle signature sur la fin, histoire de. Sait-on jamais, il pourrait vouloir partir avec le canapé et y asseoir sa maîtresse ! Ha, rions un bon coup, des idioties. 



 

La vie serait belle si on n'avait pas à s'en inquiéter. 
IKIMONO GAKARI ~ YELL 

Sortir acheter trois clous et quelques vis, une pause au milieu des tableaux excel et des 205 élèves français de l'association. "Non mais vous comprenez, c'est quand même chiant, un copain." "Ah, si tu continues comme ça, tu vas finir comme moi, à être mieux seul. Peut-être que j'aurais dû me marier à l'époque. Mais je ne regrette pas non plus de ne pas m'être marié." Mais oui, mon cher, tu es très bien célibataire, fantasme des quelques stagiaires passant d'un mois à l'autre à l'association. Il faut bien que quelque chose soit juste sur cette terre. 
Manger une glace sur le retour en discutant de vin et de bière. "Tu as du mal à manger en marchant ? Désolé, j'aurais dû m'en rendre compte plus tôt." "Non, non, tout va bien." Ai-je donc l'air si bête ? C'est juste que la glace au chocolat est trois fois plus dure que celle au rhum-raison (ラム．レーズン, on ne se pose pas de questions) et que je mange plus lentement. 

C'est un instant étrange. J'ai les mains froides et chaud dans le dos. A chaque sourire qu'il m'adresse, j'ai un petit pincement au coeur. On pourrait finir par se dire que oui, être en couple avec quelqu'un comme lui, ça doit être chouette. Mais peut-être qu'alors son odeur de linge propre, ses Converses tachées et ses mouvements de cheveux seraient moins intéressants. Sans parler de son air de petit panda quand il ponce une planche, assis sur son derrière, les cheveux en bataille. 
Ce soir, j'aurais pu être une post-ado amourachée d'un professeur au regard pétillant. Mais non. On se vieillit. Maintenant, il ne reste que ce petit clin d'oeil à ce qu'on a été.
 

C'était bien d'être amoureuse, finalement.





 

Parce que "Shune", il est beau.

Je suis un objet conscient d'être manipulé.