Samedi 14 mai 2011 à 18:13

開いてく
虹色未来
届くのか


Le weekend, césure dans les partiels. On boit une bière au soir, entre amis. Ca fait du bien de souffler. On va au cinéma ? Non, je crois que je vais aller me coucher. 23h30-13h30. Avec le temps, notre corps supporte de moins en moins les courtes nuits de révision. Ca nous rappelle à quel point nous vieillissons vite. 
De la douche, on entend les cloches sonner, appel à la messe. Qui ira ? Qui n'ira pas ? J'aimerais parfois les joindre, dans cette foule de croyances qui tanguent. J'aimerais joindre mes mains devant mes yeux, à genoux, et demander à aller au paradis. J'aimerais qu'on m'ouvre les portes d'une vie éternelle, d'une mort temporaire, d'un espoir d'après. Mais les premiers chrétiens l'avaient bien compris : on ne peut pas forcer à croire. Et on ne peut pas non plus se forcer. Alors j'écoute quelques chants religieux russes, en laissant brûler un peu d'encens. C'est un peu comme être dans un temple bouddhiste, mais avec un fond sonore plus que suspect. 

J'aimerais y retourner, dans ce temple où repose nos ancêtres. Où repose désormais mon grand-père. Où reposera bientôt ma grand-mère, même si elle n'appartenait pas à la même branche shinto. On franchira les portes rouge-feu et on allumera un bâton d'encens. Ma mère pleurera silencieusement, je pense. Peut-être même sans verser une larme, en femme forte. Pourtant, on ne lui en voudrait pas de pleurer un peu. Je me demande comment elle a vécu l'enterrement de son père. A-t-elle demandé son pardon ? A-t-elle regretté la vie qu'elle a mené, quittant ses parents pour s'installer à 10 000km de là, avec un homme qui l'a finalement quittée avec une autre ? Sait-on jamais ce que les gens pensent, tout au fond... J'aurais aimé qu'elle soit allée à cet enterrement avec dignité, en lui disant "Tu vois, je vais bien", mais a-t-elle eu cette force ? Les morts ne parlent pas. Les morts sont morts, c'est tout. Mais j'aimerais tout de même aller allumer ce bâton d'encens, taper deux fois dans mes mains et lui parler de toutes ces choses que je ne lui ai jamais dites, simplement parce qu'on ne se voyait jamais. Et parce que j'étais trop jeune. Pleurer enfin sa mort, même si nous n'étions pas si proches. Faire mon deuil, comme il se doit, entre les piliers écarlates d'une religion aux mille visages. 

C'est drôle de ne pas croire mais de sentir le sacré. Avez-vous déjà posé un pied à Notre-Dame de Paris ? Bien sûr, c'est un lieu hautement touristique, dérangé par les flash, les cris et les bruits de pas. Et malgré tout, à l'instant où vous y entrez, vous sentez tomber sur vous la lourdeur de la sainteté, comme une chape de silence que d'autres ignorent avec mépris, ou simplement par insensibilité. Il y a cette force dégagée par la pierre froide et le tremblement des cierges. Personne ne peut le décrire, simplement quelque chose qui vous happe et vous rappelle qu'ici existe un autre monde. Comme à l'Abbaye de la Pierre-qui-Vire. On discute quelques minutes avec des prêtres souriant, un peu philosophes, on assiste à la prière au soir, en silence, ému de ce que les gens y confient. C'est incroyable les sentiments échangés dans ces instants, alors qu'on pensait être étranger à tout cela. 

Croire doit donner de la force. J'aimerais croire. Pas en un dieu quelconque, simplement en moi. Peut-être que ça changerait la face de mon existence. Trouver une ligne directrice, un rêve et faire de ma vie un accomplissement, non pas quelque chose que l'on subit. En demanderais-je trop ? J'espère que non. 



 
A peine philosophe, un peu fatiguée. 
Ai Otsuka ~ Planetarium

Jeudi 12 mai 2011 à 19:05

 Il parait que lorsqu'on repense à de bons souvenirs, on regarde vers le haut alors que lorsqu'on repense à des choses désagréables on regarde vers le bas. Je ne sais pas si c'est vrai. Après tout une fois qu'on est au courant, on finit par regarder devant soi quand on tente de se rappeler de quelque chose. Le regard dans le vague, un peu comme les personnes âgées. 20 ans, presque 21, c'est la retraite assurée. 
Les partiels, c'est fatigant. Quand on a pris l'habitude de prendre tous ses cours au PC, écrire 6h devient rapidement intolérable pour nos petits doigts, surtout quand votre stylo décide que non, il a plus envie de laisser l'encre couler normalement et qu'il allait gratter le papier comme Mick Jagger. Mais oui, bien sûr. 

Pendant ces heures perdues, j'écoute le bruit de ma montre à gousset. Tic, tac. Ici, on continue d'écrire des choses inutiles sur du papier jauni. Tic, tac, vous êtes tous en train de mourir, un peu plus à chaque seconde. Mais non, personne n'y fait attention. Vous comprenez, il faut réussir sa vie. Trouver un bon travail. Gagner un bon salaire. Avoir un bel appartement, bien placé. Inviter ses amis à faire des dîners, en rencontrant Mr Un Tel et Madame Machin. Mais en attendant, on meurt tous, seconde par seconde, jusqu'à disparaître pour de bon. Alors ça semble vraiment inutile d'être assise en B4.15, dissertation d'histoire sans queue ni tête à laquelle on aura 7. Et alors ? Si j'ai 7, j'aurai raté ma vie ? Qui sait ce qui pourrait se passer. 
Tic, tac. 
Un peu oppressant. 

  高い空
背伸びしてみて
おひまわりさん

Je ne sais pas trop où je vais. Mais j'aimerais simplement toucher du bout des doigts le ciel, tout là-haut.
Ikimono Gakari ~ Blue Bird 

Lundi 9 mai 2011 à 23:48

Je n'arrive plus à grand chose. Je relis le cours d'économie et je me demande simplement à quoi tout cela pourra bien me servir. A pas grand chose. L'année prochaine, je dis au revoir Hayek, ciao Friedman, adios Malthus. C'est magnifique. Demain, révision du cours d'AERI en intégral. Ca va être drôle, sachant que la moitié du cours ne veut clairement rien dire. Mon cerveau va faire des siennes. Mais comme ce soir je suis une élève sérieuse, je me coucherai avant minuit pour être levée à 6h30. Beau. 



La nuit sera chaude. Les moustiques reviennent. 
KAT-TUN (Kamenashi Kazuya solo, live) ~ 1582



En attendant, j'en reste à mes haïku, parce que je ne suis bonne à rien d'autre. 


湯気と雨
赤き森林
ひとり言


 

Lundi 9 mai 2011 à 2:00

Haïku : petit poème extrêmement bref visant à dire l'évanescence des choses. 


古池や
蛙飛び込む

水の音

(松尾 芭蕉)

____________________________

桜色
微笑んだ風
恋をする



Peut-être que d'autres formes de poèmes sont plus adaptées. Peut-être que d'autres langues le sont également. Je me rends compte à quel point le français n'est pas apte à rendre compte de tous les états de pensée. Et de fait, je me rends compte que tous les humains de cette terre ne réfléchissent et ne ressentent pas les choses de la même manière. Il est intéressant de voir à quel point les mots et leur formation, les émotions et images qu'ils véhiculent, sont essentiels et structurants de notre manière d'être. Le japonais a l'avantage d'être tout de suite plus évocateur, pour certaines sensations. Je ne pense pas que tout ceci pourrait être traduit correctement en français. Je dirais même que tout semble idiot, traduit. Un des haïku les plus connus du Japon qui devient bêtement "La vieille mare / une grenouille saute / le bruit de l'eau" (Bashô), ça ne rend pas grand chose, il faut se l'avouer. Peut-être que j'aurais plus de chance de trouver l'inspiration en japonais ? On peut toujours espérer. Mais c'est certain, les images me viennent me viennent plus douces, plus reposantes. Le charme oriental ? Qui sait... De fait, je pense qu'il serait également plus intéressant de lire les oeuvres de Murakami (exemple) dans la langue. Tout comme j'aimerais bien pouvoir lire la Tombe des Lucioles de Nosaka en version originale. Surtout qu'il utilise apparemment le dialecte du Kansai, ce qui ne peut naturellement pas transparaître dans la traduction. Je conseille d'ailleurs la lecture de cette petite nouvelle. Tendre et bouleversante. L'animation par le Studio Ghibli aussi, par la même occasion.
A propos de ce livre, quand je dis que le japonais est intéressant, l'auteur a utilisé d'autres kanji (idéogrammes) que celui normalement utilisé pour exprimer le mot "lucioles". Normalement, on écrirait cela  "蛍". Mais l'auteur a préféré écrire "火垂る", ce qui signifie "les gouttes de feu", référence aux bombardements décrits dans le livre. Il faudrait vraiment que je m'améliore en japonais, de manière à pouvoir faire usage de ce genre de détails. 



D'humeur pensive, mais un peu espiègle. 
Ai Otsuka ~ 金魚花火


 
Comme quoi, il faut vieillir pour que ce genre de choses devienne intéressante. That's a shame. 
 

 

Dimanche 8 mai 2011 à 0:40

 私にはちゃんとした夢が無いのだ。寂しい女。


Je fais toujours exploser les pitch. C'est tellement plus amusant, après tout. Et puis à 21 ans, personne ne peut encore nous interdire de faire exploser les pitch. Ou d'en manger entre les repas. Passé les 25, ça devient sûrement plus difficile de se faire son Mars ou son Twix en toute tranquillité. Ils avaient raison, Martine, on peut se brosser. 
En attendant, je cuisine adulte, ce fameux 肉(ニン)ジャガ. Ca faisait longtemps que je n'avais pas vraiment cuisiné. C'est sûr, on ne peut pas dire que la quiche de ce midi était un exploit culinaire. Eplucher quelques pommes de terre, quelques carottes, pleurer sur un oignon, glisser les casseroles, tourner les poêles... Ca finit par vous manquer, ces petites choses, finalement. Alors je ne sais pas trop comment je ferai l'an prochain. Bah, les カップラーメン feront l'affaire. 

Le film du soir : l'Etrangère. L'actrice était d'une frêle beauté. Et à chaque fois, on se dit que ça ne devrait pas exister. Mais si. Pi ça leur parait normal. Ca me rappelle une réplique de the Duchess, lorsque Madam je-ne-sais-plus-son-nom, nouvelle amie de la Duchesse, lui explique qu'il est permis à un mari de battre sa femme tant que c'est avec un bâton d'une certaine taille et que la marque n'est pas trop visible. Aberration. Mais c'était l'époque, nous dira-t-on. Epoque qui ne semble pas disparaitre chez d'autres... 


 

Un peu d'espoir ce soir. 
Funky Monkey Babys ~ Hero 

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